Plus un jour ne passe sans qu'un article ou une nouvelle n'accable Google. Moins de 10 ans après la création de l'entreprise, on glisse progressivement d'une "vision idyllique" de l'entreprise de référence, véritable modèle de réussite à la "vision Big Brother" de l'entreprise monopolistique qui menace l'intégrité de tous les citoyens du monde.

La croissance de Google a été fulgurante. Après huit années d'existence, l'entreprise affiche une capitalisation boursière de 140 milliards de $ avec près de 8000 employés et des revenus proches des 5 milliards de $ sur le 2ème semestre 2006. Des chiffres qui donnent le vertige alors que l'entreprise n'a pas encore 10 ans et déjà 85% du marché (en France notamment).

Ce beau parcours financier a cependant été entaché par quelques alertes ou déconvenues encore d'actualité notamment les réactions au vaste programme de numérisation des livres et des bibliothèques (depuis 2004), les problèmes liés aux droits d'auteur, la situation de monopole sur la publicité en ligne,...
Les sommes engagées par Page et Brin (les deux fondateurs de Google) pour racheter YouTube et plus récemment Double Click (la principale régie publicitaire du net pour 3,1 milliards de $) ont une nouvelle fois de quoi inquiéter les concurrents qui crient au monopole. Parmi eux, on peut citer Microsoft, Yahoo ou AT&T ou Time Warner.

Il est difficile dans ce cas de ne pas prendre partie et de rester neutre (même si l'action en justice qui risque d'être engagée par les concurrents de Google me laisse sceptique, c'est un peu l'hôpital qui se moque de la charité...). Je ne veux pas m'inscrire dans un monde binaire et "être à 100%" pour ou contre un tel ou un tel.

Je suis un fervent utilisateur du moteur Google et de nombreux autres outils de la firme de Montain View mais en parallèle je comprends et défends la position du président de la BNF (Jean-Noël Jeanneney) au sujet de la diversité culturelle. En tant que citoyen, je m'inquiète de la concentration des données sur les internautes (et du pouvoir qui en découle) au main d'une seule et même entreprise. Je trouve cependant certaines attaques ou actions de lobbying des concurrents quelque peu mal placées et hypocrites. Mais j'imagine que c'est de bonne guerre.

La lecture du dernier ouvrage de Daniel ICHBIAH m'a apporté quelques réponses.
Journaliste et auteurs de nombreux ouvrages sur l'informatique (et en particulier sur Microsoft !), Daniel Ichbiah revient dans la dernière partie de son livre sur les dangers d'un monde "Googolisé". Le titre du livre ne laisse d'ailleurs aucun doute sur la position de l'auteur : "Comment Google mangera le monde" (Paris, Dunod, 2006, 314 p.).

Autant je trouve cet ouvrage de bien meilleure facture que celui de David VISE, Google Story, (qui était à la limite de l'hagiographie), autant je n'arrive pas à en vouloir aux deux créateurs de Google (et à leurs équipes) qui doivent vivre une aventure extraordinaire. J'ai finalement envie de creuser davantage et d'en savoir plus grâce à d'autres lectures pour mieux comprendre la culture de l'innovation qui fait la force de cette entreprise et le mode de management qui en découle.

Sans prendre partie, Google reste un formidable sujet de recherche et de curiosité.